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Le marché de l'optique médicale est en phase de croissance et en pleine mutation.
En effet, le vieillissement de la population aidant, le nombre de personnes ayant besoin d'une correction visuelle ne cesse de croître, notamment pour le traitement de la presbytie. Autant dire un potentiel commercial et financier immense.
Ce fort enjeu économique a attiré de grands groupes financiers dont évidemment le métier de base n'est pas l'optique. C'est le cas du groupe de distribution GPS, avec les enseignes Grand Optical et Général d'Optique, qui gère également les magasins Photoservices.

L'arrivée de tels intervenants a entraîné une modification des méthodes de vente chez les opticiens et bouleversé le métier même d'opticien. Auparavant techniciens, de nombreux opticiens ont dû s'improviser vendeurs, parler politique de prix, de communication et plan marketing.
Ces termes peuvent gêner certains puristes quand ils sont utilisés dans le secteur médical. Mais cette réalité s'impose.

Pour autant, l'optique-lunetterie est-elle un marché comme les autres ?
Elle reste un secteur de la santé car la mission première est de corriger un défaut physique, une déficience visuelle.
En outre, cet acte d'achat a un coût pour la collectivité, puisque la Sécurité Sociale prend en charge une partie de la dépense, même si elle est faible.
Effectivement, devant la dérive de certains prix, il est compréhensible que la sécurité sociale ne
souhaite pas prendre en charge les abus de certains.
Mais une réactualisation des niveaux de remboursement ne serait pas inutile. Ne serait-ce, rappelons-le, que pour permettre à certains d'accéder à ce type de soins.

De plus, il est curieux de constater que les produits d'optique ne sont soumis à aucun contrôle qualitatif de la part des autorités sanitaires. Les seules normes existantes, de type AFNOR, sont facultatives.

Cette situation est d'autant plus surprenante dans le mode d'organisation du système de santé français. En effet, la grande majorité des produits médicaux sont soumis, comme pour les médicaments, à une autorisation de mise sur le marché ou au moins à un agrément des autorités sanitaires.
Cette liberté d'introduction de nouveaux produits sur le marché accordée aux fabricants et la libre fixation des prix ont pour contrepartie un faible remboursement aux patients.

Le consommateur assume donc l'ensemble des risques liés à l'achat de lunettes : le coût d'une paire de lunettes, parfois exhorbitant et mal remboursé, ainsi que d'éventuels problèmes de qualité ou d'inadéquation du verre.

Corriger sa vision est un acte médical. Il ne faut pas oublier que la délivrance de lunettes s'effectue dans la grande majorité des cas sur prescription d'un ophtalmologiste.
Et comme pour tout le secteur médical, le porteur de lunettes doit être traité en patient et non en client. Ce sont les spécificités individuelles qui priment. La fabrication de verres correcteurs est donc unitaire. Le métier d'opticien rend donc un service et fournit un produit personnalisé.

Au regard des modalités de fonctionnement du marché, peut-on considérer les lunettes comme des produits de grande consommation ?
Répondre à cette question permettrait de savoir si les méthodes marketing appliquées aux automobiles, aux lessives ou aux couches pour bébés peuvent être utilisées dans ce secteur. C'est ce que voudraient nous faire croire les discounters, issus de grandes chaînes de la distribution.

Aux dires des opticiens traditionnels, l'optique ne peut pas être considérée comme un marché de grande consommation. Un savoir-faire est indispensable.
Touchant à la santé d'un patient, l'opticien a une obligation de résultat : corriger son défaut de vision, et de nombreux paramètres spécifiques à chaque porteur de lunettes entrent en ligne de compte. Ne serait-ce pour un même individu qu'une différence entre chaque œil.

Du point de vue du consommateur, considérer l'optique comme tout marché de grande consommation reviendrait à exiger une meilleure connaissance du produit acheté, par un étiquetage et une information préalable précise.

Les bouleversements connus par le marché de l'optique-lunetterie présentent tout de même l'avantage de faire baisser au moins en apparence les prix des produits. Cette baisse s'accompagne-t-elle d'une baisse de qualité ? Il appartient aux différents niveaux de contrôle de veiller à ce que cela ne soit pas le cas.


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