2 - l'achat de lunettes  page précédente  sommaire plan du site       

2.1 - L'information sur les prix

Cette information doit prendre en compte la spécificité du marché de la lunetterie. En effet, chaque individu doit avoir, comme nous l'avons déjà dit, une correction individualisée. Autrement dit, chaque opération doit être unique, le coût total des lunettes le sera aussi.

Toutefois, l'opticien, comme tout autre commerçant, a le devoir, en vertu de l'arrêté du 3 décembre 1987, d'étiqueter ses produits. S'il n'y a pas de problèmes particuliers pour connaître le prix des montures, l'affichage du prix des verres est plus complexe à réaliser. L'opticien doit consulter des classeurs ou son ordinateur, compte tenu de la diversité des types de verre.

Cependant, l'opticien doit vous informer clairement sur le prix que vous serez amené à payer compte tenu de vos caractéristiques physiologiques et des exigences afin d'améliorer le confort de vos lunettes.
Le consommateur a donc intérêt pour comparer les prix à exiger un devis.
 
 
        [retour]      
 
 

2.1.1 - Le devis est obligatoire

Ainsi, depuis le 1er octobre 1996, les opticiens doivent remettre gratuitement un devis avant tout achat (arrêté du 23 juillet 1996 relatif à l'information du consommateur sur les produits d'optique médicale). Ce texte prévoyait un devis particulièrement détaillé comprenant une offre de base et une offre personnalisée ainsi que l'indication du type de montures, de verres, des options et des suppléments de fabrication.

Mais un nouvel arrêté du 20 mai 1997, moins favorable au consommateur, a vu le jour. Depuis, l'offre de base est indiquée "sur demande du consommateur" et concerne "l'offre la moins chère que l'opticien choisit de proposer".

Si la réglementation sur le devis en matière d'optique a reculé, le consommateur pourra toujours exiger une information plus précise de l'opticien.

Le devis doit donc contenir certaines mentions obligatoires qui permettront au consommateur de réellement comparer les prix proposés :

- Pour les verres et la monture, le professionnel devra proposer une offre personnalisée.
- A la demande du client, il devra noter l'offre dite "de base" c'est-à-dire la moins chère.
- Pour chacun des produits, la marque du fabricant ou du distributeur, le modèle et sa référence commerciale.
- En ce qui concerne les verres, les options et suppléments de fabrication seront indiqués séparément.
Il ne faut pas non plus oublier de faire préciser les prestations que l'opticien assure lui-même, telles que le délai de livraison, la date limite de validité du devis, les réserves éventuelles et les conditions de vente et de paiement.

Le professionnel fera figurer les conditions de service après-vente avec l'indication de ce qui est payant ou gratuit : garantie, conseils d'entretien, travaux que le professionnel s'engage à effectuer.

Au terme de la collecte des devis de plusieurs professionnels, le consommateur ne devra pas seulement considérer le prix, mais également le niveau des prestations offertes et les délais.
 
 
        [retour]      
 
 

2.1.2 - La valeur du devis

 

La situation concrète exposée ci-dessous éclairera sur les limites du devis en optique-lunetterie.
Un consommateur se rend chez des opticiens appartenant à des structures différentes afin de faire réaliser un devis correspondant à son ordonnance. Pour comparer les prix, il demande un devis à chaque professionnel. Sa prescription porte sur une paire de lunettes avec des verres correcteurs protégeant des rayons ultra-violets.

Après avoir choisi une monture d'une grande marque de lunettes solaires, il a fait calculer le prix des verres correspondant à sa vision. Le premier opticien, appartenant à une centrale d'achat, a établi ce devis, sans aucune réserve.
Le consommateur se rend ensuite chez un franchisé. Pour la même monture, l'opticien a répondu qu'il était impossible d'adapter le type de verre, correspondant à sa vision, à la monture choisie. Toutefois, après de nombreuses discussions, il a tenu à vérifier cette impossibilité auprès du fabricant de verres. Cette situation lui a été confirmée.
Il apparaît ainsi que le premier devis ne pouvait être respecté, les verres retenus ne s'adaptant pas à la forme de la monture.
Après quelques explications, le consommateur a renoncé à entamer une procédure juridique mais il nous a toutefois transmis son dossier.
Nous nous interrogeons donc sur l'intérêt et la validité d'un devis. L'information donnée par ce biais n'engage-t-elle pas le professionnel.
N'est-il pas sensé pouvoir réaliser cet engagement écrit ?

Le devis en tant qu'estimation par le professionnel des travaux envisagés est juridiquement une offre de contrat et à ce titre, il engage fermement le professionnel, de manière très précise, quant au type de produit, à son coût et aux délais prévus.
Le consommateur n'est jamais obligé de confier l'exécution des travaux au professionnel. Le devis n'engagera le client qu'à partir du moment où il aura exprimé sa volonté de faire exécuter les travaux et notamment par la signature du devis.

De mauvaises informations ou des erreurs données dans le devis sont difficiles à sanctionner, même si cela constitue un défaut à l'obligation précontractuelle de renseignements. En outre, il faudrait également démontrer la volonté délibérée du vendeur de tromper le client ou tout au moins sa faute professionnelle.

S'il y a tromperie, elle sera réellement constituée lors de la réalisation des lunettes. Le consommateur devra s'assurer, au moment de la réception, de la conformité des lunettes avec la prescription et le devis.
Le non respect des engagements par l'opticien pourra entraîner une procédure pénale pour tromperie (afin de faire condamner l'opticien à une amende et à des dommages-intérêts en cas de constitution de partie civile) ou civile sur le fondement du dol (article 1116 du code civil), lequel permet l'annulation du contrat de vente et l'obtention d'éventuels dommages et intérêts.
Mais on le voit, cette procédure est longue et prive, pendant ce temps, le consommateur de l'usage, souvent indispensable, de ses lunettes.
 
 
        [retour]      
 
 

2.1.3 - Le choix de l'opticien

De prime abord, le consommateur qui se rend pour la première fois chez un opticien ne dispose d'aucun moyen pour juger du sérieux et du professionnalisme de l'opticien. Pourtant, la décision qu'il va prendre va mettre sa vision en jeu pendant environ 4 ans (durée moyenne avant renouvellement d'une paire de lunettes). Dans ces conditions, la confiance et la sympathie inspirées par l'opticien sont-elles suffisantes pour éclairer ce choix ?

Certains éléments plus concrets permettront de déceler le professionnel sérieux et disposé à agir en toute transparence.
Un premier indicateur réside dans le fait qu'un opticien délivre aisément un devis, suffisamment complet et détaillé, avant de conclure la vente.

Une visite systématique chez plusieurs opticiens permettra au consommateur de valider les informations qui lui ont été fournies par les uns ou les autres, de comparer les différents éléments proposés.
En obtenant plusieurs devis et en recoupant les nombreuses informations collectées, le consommateur pourra déceler un devis erroné. Quelqu'en soit le motif, il pourra signaler ce professionnel indélicat auprès des services de la DGCCRF et à une association de consommateurs.

Le consommateur qui se rend chez un opticien doit être en mesure d'identifier rapidement son interlocuteur.
En effet, l'ouverture d'un magasin d'optique est conditionnée par l'obtention d'un diplôme. La loi exige la présence d'au moins un opticien par point de vente.
Le client, ayant obtenu certaines informations, et notamment un devis, peut s'interroger sur la compétence du vendeur rencontré.
Le personnel présent dans un magasin d'optique devrait se voir imposer le port d'un badge, comme cela se pratique en pharmacie, spécifiant le nom et la qualité de la personne, selon qu'elle est opticien-lunetier ou vendeur.
 
 
        [retour]      
 
 

2.2 - Pour une bonne lecture des prix

Établir un panorama représentatif du prix de l'optique et principalement des verres correcteurs est inconcevable. Il y a beaucoup trop d'éléments à prendre en compte pour calculer le prix d'une paire de lunettes.
En outre, ce n'est pas l'objet de cette étude qui est de faire le point sur la technique et les pratiques commerciales existantes. Nous indiquerons toutefois, dans le chapitre qui suit, quelques fourchettes de prix.
 
 
        [retour]      
 

2.2.1 - Les prix de l'optique

Les ordonnances du 1er décembre 1986 ont libéré les prix en optique-lunetterie. Les quelques exemples chiffrés qui vont suivre illustreront la très grande palette de prix qui existe sur ce marché.
La fixation des prix se fait donc, comme pour toute activité en fonction des charges et de la stratégie commerciale des entreprises.

Au sein d'un même magasin, les écarts de prix entre la paire de lunettes la moins chère proposée et la plus chère peuvent aller de 11 à 257 %.
Les premiers prix relevés pour des verres vision de loin se situent entre 125 F et 551 F, avec un prix moyen à 250 F.
Les premiers prix en verres progressifs vont de 338 F à 849 F. Le prix moyen se situe à 655 F pour un verre.
Le verre Varilux Comfort minéral (sans traitement) a été relevé de 620 F à 1 324 F. Le prix moyen étant de 1 020 F.

De tels écarts peuvent s'expliquer par de nombreux facteurs. Ils s'expliquent par une différence dans le type de commerce, en fonction de leur politique de prix, selon que l'on considère des verres de marques ou non.
Bien sûr, le prix d'un verre dépendra de son matériau (organique ou minéral), de l'importance de la correction requise, du diamètre du verre et des éventuels traitements annexes.

Le consommateur doit garder à l'esprit que pour des verres de qualité identique, des écarts de prix très importants pourront être constatés en fonction de la grandeur des verres nécessaires (diamètre de 55 à 80 mm) à un parfait centrage imposé par le choix de la monture. Autrement dit, plus un verre est grand, plus il est cher.
Ainsi, l'achat d'une monture de forme allongée impliquera l'achat de verres de grand diamètre, avec un prix plus élevé.

La réglementation oblige l'opticien à avoir au moins une monture pour enfants de moins de seize ans en magasin, à un prix ne dépassant pas 200 F. Pourtant, la plupart des opticiens ne proposent pas de montures "tarif sécurité sociale".
Nous pouvons donc nous interroger sur l'intérêt d'une telle obligation.
Si la réalité du marché ne permet pas de respecter cette réglementation, une modification s'impose.
Si des produits peuvent être fournis à ce tarif, des contrôles plus efficaces sont nécessaires pour assurer l'application de cette réglementation.

L'argument des opticiens est de mettre en avant la loi qui interdit de vendre à perte. Or ils ne trouvent pas sur le marché des montures à un prix si bas.
Il est possible de constater que si le prix des montures sert d'appel, celui des verres est souvent moins attractif : le consommateur est exposé à perdre sur les verres ce qu'il croit gagner sur la monture.
 
 
        [retour]      
 
 

2.2.2 - Les options ont un coût

L'opticien peut proposer de multiples options qui risquent d'alourdir la facture, par exemple des verres anti-reflets, teintés, inrayables...
Ces options offrent des avantages techniques ou de confort qui entraîneront un supplément non négligeable de prix. Les options particulières proposées par l'opticien doivent conduire le consommateur à demander ce que cela apportera en plus pour le confort visuel.
Pour éviter les surprises désagréables, l'ophtalmologiste pourra donner quelques conseils sur le type de verre ainsi que sur le traitement.

Le prix d'un verre correcteur est également conditionné par la marge prélevée par l'opticien. Cette marge elle-même est liée à l'importance du travail accompli. Parmi ces interventions, l'opticien contrôle la qualité du verre qu'il reçoit et façonne le verre afin que les qualités optiques requises par l'ordonnance soient bien au centre du verre et correspondent précisément à l'écartement pupillaire du patient.
Pour plus de transparence, l'opticien pourrait distinguer, dans le prix, ce qui ressort des fournitures, et de l'autre, le montant exact de ses prestations.

Le consommateur, pour choisir son opticien, compare les prix, mais il aura tout intérêt à considérer également l'étendue de l'offre en verres et surtout en montures, le service et le soin apportés à l'exécution du meilleur équipement possible.

Les professionnels s'accordent pour reconnaître une relative baisse des prix dans l'optique grâce notamment à l'arrivée des discounters. Jusqu'à présent l'optique, c'était du sur-mesure, donc un coût élevé.
L'arrivée d'un certain type de distribution a standardisé les lunettes. Autrement dit, le consommateur et son défaut de vision devront s'adapter aux produits proposés. Ce produit est en stock, vous l'aurez en 1 heure. Sinon patientez quelques jours comme chez n'importe quel autre opticien.

Notre époque est marquée par une course perpétuelle contre le temps. Les distributeurs, présents dans l'optique comme dans de nombreux autres services, multiplient les offres "gain de temps" (vos verres en 1 heure). L'installation des opticiens au coeur des centres commerciaux est également révélateur de cette nouvelle approche de l'optique. Il semble que le commerce prenne le pas sur l'aspect médical.
 
 
        [retour]      
 
 

2.2.3 - Garantie et service après-vente

Le service après-vente varie d'un point de vente à l'autre : certains opticiens remplaceront gratuitement une branche cassée ou une vis perdue pour leurs bons clients, quelques chaînes proposent des garanties incluses dans le prix d'achat, d'autres professionnels facturent la moindre réparation. Il serait souhaitable que les conditions de garantie et le service après-vente soient affichées et visibles dès l'entrée dans le magasin.
Les assurances anticasses, proposées par les opticiens, offrent une couverture variable selon le groupement auquel ils appartiennent. Cette assurance peut être gratuite, payante, avec ou sans franchise. Tous les cas de figures sont envisageables. Le consommateur a tout intérêt à s'y intéresser avant sa décision d'achat. 
 
 
 
        [retour]      
 

2.3 - Concilier santé et commerce

2.3.1 - L'optique-lunetterie : une activité médicale
Les pratiques commerciales, les nouveaux intervenants sur le marché de l'optique-lunetterie laissent penser que la vente de lunettes s'apparente à la commercialisation de tout autre produit de grande consommation.

Or, l'analyse des conditions dans lesquelles le consommateur peut obtenir des lunettes montre que l'optique-lunetterie reste dans le domaine de la santé.
Deux raisons permettent de l'affirmer.
En premier lieu, les lunettes ont pour objectif de corriger les imperfections qui perturbent le processus de la vision, liées à une mauvaise acuité visuelle.
En second lieu, les ophtalmologistes, qui assurent la prescription de telle ou telle correction, appartiennent au corps médical.

Sans que ce soit obligatoire, la plupart des consommateurs vont consulter un ophtalmologiste pour établir un bilan de leur vue. Ceci d'ailleurs est un bon réflexe car ce bilan sera l'occasion de contrôler l'ensemble des paramètres qui constituent la vision (muscles, acuité, perception des couleurs...).

La consultation d'un spécialiste, l'établissement d'une prescription et d'une feuille de soin sont des pratiques du domaine médical. En outre, le prix de la consultation et une part infime des lunettes seront remboursés par la Sécurité Sociale. L'achat de lunettes a donc un coût pour la collectivité.

L'opticien, quant à lui, se situe entre l'auxiliaire médical et le commerçant.
Il appartient à la première catégorie quand il doit exécuter une ordonnance. Lorsqu'il conseille son client sur le choix et la qualité des verres, il est vendeur.

En France, cette situation est particulièrement inattendue. En effet, l'ensemble des produits ou services liés au secteur médical ou paramédical est strictement encadré. Les conditions de diplômes, les autorisations préalables, les contrôles a posteriori permettent d'assurer un bon niveau de qualité.

L'optique-lunetterie fonctionne donc selon un régime d'exception.
D'un côté, le niveau de remboursement des lunettes est faible.
De l'autre, la liberté donnée à l'opticien de fixer son niveau de prix et de déterminer les verres et les montures qu'il vendra.
Est-on sûr qu'il choisit la meilleure qualité ou le produit qui permettra d'obtenir la plus grande marge ?
Entre les deux, le consommateur doit-il assumer seul cette situation en payant ses lunettes à un tarif encore élevé ?

Les produits vendus sur le marché de l'optique-lunetterie subissent les contrôles de qualité des fabricants et de l'opticien à la réception du produit. Mais, comme nous l'avons déjà dit plus haut, en dépit d'une implication médicale, les autorités sanitaires n'ont instauré aucune autorisation administrative, semblable à celle imposée aux médicaments par exemple.

Autrement dit, la distribution des produits de lunetterie fonctionne selon les règles traditionnelles du marché avec, parfois, certains de ses abus.
 
 
        [retour]      
 
 

2.3.2 - Des pratiques commerciales discutables

Pour éviter certains pièges commerciaux ou techniques au moment de la vente, il est nécessaire de faire le point sur certaines pratiques.

Des pièges à éviter ...

On constate actuellement que certains distributeurs diffusent dans les boîtes aux lettres des "cartes personnelles" annoncant à tous les consommateurs 40 % de réduction systématique sur l'ensemble de leurs produits. Le consommateur se rend dans ce point de vente attiré par cette offre promotionnelle.

Psychologiquement, le client arrive avec l'idée qu'il a déjà fait une bonne affaire. Il ne prend pas le temps de comparer le prix servant de base à cette réduction. Comparés aux prix pratiqués par les opticiens indépendants, ils sont généralement majorés d'un montant équivalent à la réduction proposée.

En face d'une telle offre, le consommateur ne doit pas oublier son droit à comparer les prix et à demander un devis afin de vérifier la véracité de la promotion.

Des centrales d'optique s'engagent à fournir des verres en 1 heure. Cette promesse exige une organisation spécifique du point de vente. Il doit notamment disposer d'un stock de verres particulièrement important et une pratique commerciale jusque-là inconnue en optique-lunetterie.

Le vendeur doit être capable de fournir une grande partie des verres correcteurs demandés par les consommateurs. C'est la raison pour laquelle certains distributeurs se sont équipés d'ateliers de façonnage dans l'arrière boutique qui permettent de réaliser certains traitements en moins d'une heure. Mais certaines opérations restent difficilement réalisables dans ce délai d'une heure.
Par exemple, la réalisation d'un traitement anti-éraflure demande le dépôt d'une couche métallique sur chaque face du verre et un séchage entre 24 et 48 heures. Comment le verre ainsi traité peut-il être fourni en 1 heure.

Pour être sûr de tenir ces délais, les vendeurs ont pour fonction d'orienter le client systématiquement vers les verres en stock. Les traitements sont déjà effectués. L'opticien n'a plus qu'à assurer l'assemblage verres - montures.

Certains opticiens proposent un forfait pour verres progressifs à moins de 1 000 F.
Aucune surprise, comme pour toutes les offres excessivement basses, le verre ne sera pas de marque. En outre, il sera vraisemblablement d'une ancienne génération. Il est inutile de s'attendre à des verres de grandes marques à moins de 1 000 F.

Les différences de prix importantes sur des verres progressifs peuvent s'expliquer par des générations de verres différentes. L'évolution réside dans la finesse du passage entre la vision de loin, la vision de près et une vision périphérique plus souple. Ces nouvelles générations permettent de réduire les sensations de malaise et les désagréments liés à la multifocale.

... jusqu'à la tromperie manifeste.

Plus rares, il existe d'autres pratiques qui constituent de véritables tromperies dans la mesure où le prix payé ne correspond pas au produit fourni.

Ainsi, l'opticien facture au consommateur un verre d'une grande taille, d'un diamètre de 80 mm par exemple. Mais il commandera à son fournisseur un verre d'une taille inférieure adaptée à la monture. Compte tenu de ce que nous avons dit précédemment, la taille du verre influe sur son prix et ainsi, commander un verre plus grand que celui qui sera posé relève manifestement de l'escroquerie.

Pour éviter cette situation, le consommateur pourra demander la pochette dans laquelle les verres sont parvenus à l'opticien. Les indications de la correction, du diamètre sont précisées dessus et pourront être comparées à la facture.
Parfois encore, le vendeur facture des traitements qui sont déjà inclus dans le verre fourni par le fabricant.

Et la publicité s'en mêle.

La publicité mensongère touche parfois le domaine de l'optique-lunetterie. Par publicité mensongère, interdite par la loi, il faut entendre une publicité inexacte ou de nature à créer une confusion dans l'esprit du consommateur par son contenu, sa teneur, sa force ou sa présentation.

Voici quelques exemples de publicité qui ont été sanctionnées :

- "Vos lunettes en une heure" alors qu'elles ne sont délivrées que bien plus tard.
- Les tribunaux ont considéré que la publicité "montures de lunettes revendues à prix coûtant" était mensongère. (UFCS c/ Afflelou - T. corr., 8 juillet 1992).
- l'opticien qui s'est présenté comme "Le premier opticien en Europe ou possédant dans une région déterminée une certaine part de marché" a été condamné pour publicité mensongère (Afflelou c/ Krys - CA Paris, 13 mai 1991).
 
 
        [retour]      
  

 

2.4 - Pour un achat en toute tranquillité

Identifier la qualité d'un verre correcteur n'est pas aisé pour le consommateur. L'opticien dispose d'une batterie d'outils de mesure afin de contrôler la qualité du verre livré par le fabricant, et de l'équipement final qu'il fournit au consommateur. Le consommateur est désarmé face au produit que lui fournit l'opticien.
 
 
        [retour]      
 
 

2.4.1 - Faire confiance à l'opticien

Une vue imparfaite va justifier le port de lunettes. La première exigence du consommateur va donc être d'obtenir l'équipement le plus adapté à son défaut visuel. Le verre correcteur de qualité sera donc celui qui répondra le mieux aux besoins de correction du patient.
Cette adéquation sera constatée par le consommateur lui-même, s'il perçoit parfaitement l'environnement qui l'entoure. D'éventuels maux de tête ou troubles de la vision seront autant d'indicateurs d'un défaut dans le matériel acheté.

A part l'efficacité de la correction, la vérification des autres éléments qui composent les verres de lunettes seront plus difficiles à appréhender.
En effet, une fois le choix du consommateur effectué, au moment de la livraison du produit, les différentes options ne peuvent pas être vérifiées.

Comment contrôler la marque alors qu'elle ne figure nulle part, vos verres sont-ils réellement antireflets, anti-égratignures, incassables.
Seule la bonne foi de l'opticien et la confiance que le consommateur lui accorde sont pris en compte. Toutefois, les informations données sur la note engage l'opticien.
 
 
        [retour]      
 

2.4.2 - La délivrance d'une note

L'article 1er de l'arrêté du 3 octobre 1983 oblige tout prestataire de service à délivrer une note, que le consommateur considère comme une facture, lorsque le prix de la prestation est supérieur ou égal à 100 F (TVA comprise).

Cette note doit obligatoirement mentionner :

- la date de rédaction de la note,
- le nom et l'adresse du prestataire,
- le nom du client,
- la date et le lieu d'exécution de la prestation,
- le décompte détaillé, en quantité et en prix, de chaque prestation et produit fourni ou vendu,
- la somme totale à payer hors taxes et toutes taxes comprises.
Toutefois, le décompte détaillé est facultatif lorsque la prestation de service a donné lieu, préalablement à son exécution, à l'établissement d'un devis descriptif et détaillé, accepté par le client et conforme aux travaux exécutés.
Cette note est réalisée en double exemplaire, dont l'original est remis au client.
Le consommateur a tout intérêt à conserver cet écrit pendant toute la durée de vie de ses lunettes. Si les verres ou la monture se cassent, la note permettra d'identifier les caractéristiques essentielles de votre matériel.
Elle fixe de manière incontestable la date de départ des éventuelles garanties.
Enfin, en cas de litige, ce document servira de preuve.
 
 
        [retour]      
 

2.4.3 - Reconnaître les bons verres

Pour éviter l'utilisation abusive de leur marque et assurer le consommateur de la qualité du produit acheté, certains fabricants ont mis en place deux outils d'information. Ces procédés peuvent éviter qu'un consommateur paie un verre progressif au prix d'une grande marque alors que l'opticien lui fournit un verre bas de gamme.

Quelques grandes marques (Essilor, Nikon) ont généralisé pour leurs verres haut de gamme des cartes de certification ou d'authentification, portant le nom du patient, sa correction et les caractéristiques du verre.

La fait que les grandes marques aient mis en place ces signes de garantie, particulièrement lourds à mettre en oeuvre, démontre le risque réel de dérapage qui peut exister.
Les verres progressifs de marque telles que Essilor, Rodenstock, Nikon, comportent une micro-gravure, sur chaque verre, indiquant la marque et la correction.
 
 
        [retour]      
 

2.4.4 - Une solution : la normalisation

A l'heure actuelle, la qualité des verres dépend uniquement du process de fabrication mis en oeuvre par le fabricant, le surfaceur ou l'opticien, et des moyens de contrôle qu'il a instauré.
Il n'existe pas de normes obligatoires qui permettraient à un organisme indépendant de contrôler cette qualité.

La norme NF est une marque volontaire de certification qui atteste qu'un produit ou un service est conforme à des caractéristiques de qualité définies dans des normes françaises, européennes et internationales.

La certification repose préalablement sur des travaux associant des consommateurs et des professionnels avec la participation des administrations concernées.
Ainsi, sont élaborés des "référentiels", c'est-à-dire des cahiers des charges auxquels les entreprises désireuses de se voir certifiées doivent se conformer.
La certification est alors délivrée par des organismes certificateurs (AFNOR, QUALICERT...) qui effectuent un audit des entreprises et contrôlent la conformité du produit ou du service aux exigences du référentiel.

La normalisation des produits

D'application volontaire, les normes servent de référence et donnent des précisions sur les caractéristiques des produits. Ainsi, la norme va déterminer les gabarits pour le façonnage des verres de lunettes ou les spécifications pour les verres unifocaux.
Le problème majeur réside dans leur essence même, l'application facultative. Le système français de normalisation prévoit la possibilité de rendre certaines normes obligatoires. La plupart du temps, il s'agit de normes de spécifications de produits industriels se rapportant à des éléments de sécurité.
Dans un domaine tel que l'optique-lunetterie, touchant à la santé du consommateur, il est surprenant que les fabricants ou tout au moins les produits distribués sur le territoire national ne se voient imposer aucune obligation technique.

La systématisation de normes sur le matériel ophtalmique favoriserait la protection du consommateur en garantissant les qualités intrinsèques des verres et des montures distribués sur le marché français. Cette généralisation doit évidemment s'accompagner d'une obligation d'application.

La normalisation des services

La généralisation d'une norme à une catégorie de services permet, pour les consommateurs, de clarifier l'offre et de garantir un standard qualitatif permettant à chacun d'exercer un choix éclairé.

Les professionnels peuvent en attendre une consécration des efforts qu'ils ont réalisé afin de se distinguer de la concurrence par la qualité de leur prestation.
Encore faut-il que cette certification ne soit pas l'occasion pour le professionnel d'augmenter ses prix, ou de faire assumer un éventuel surcoût par le client.

Le sigle "NF-service" atteste qu'une prestation respecte les exigences définies par les normes françaises auxquelles s'ajoutent des spécifications complémentaires propres au métier. S'agissant des opticiens, la norme devra proposer des recommandations pour l'information du client, la description des caractéristiques principales et des performances du service, la gestion de la satisfaction du client, les garanties légales et contractuelles, les documents d'accompagnement du service.

Après certification, le consommateur peut également participer à son amélioration.
Le professionnel doit mettre en oeuvre les procédures décrites. Celles-ci prennent en compte toutes les plaintes et réclamations qui doivent être traitées sans délai.
Des mesures correctives immédiates pourront être envisagées, sous contrôle du certificateur, pour prévenir tout nouveau dysfonctionnement.
 
 
        [retour]      
 

2.5 - Les recours en cas de problème

Quelle qu'en soit la raison, si le consommateur n'est pas satisfait de l'opticien ou de l'ophtalmologiste, les premières démarches viseront à résoudre le problème à l'amiable. Entamer le dialogue avec l'opticien, lui demander des informations et des explications sont les premières initiatives à prendre. Si cette démarche n'aboutit pas, le consommateur pourra adresser une lettre recommandée avec avis de réception dans laquelle le problème et la demande seront exposés.
 
 
        [retour]      
 

2.5.1 - L'erreur provient de l'opticien

Entre le client et l'opticien, un contrat s'est formé par lequel ce dernier s'engage à vous fournir un résultat. Si le patient ne supporte pas ses verres, la responsabilité du professionnel est engagée.
Le consommateur qui se plaint de mal voir devra faire vérifier si la correction prescrite est bien celle réalisée par l'opticien. Si tel est le cas, il devra se mettre en rapport avec l'ophtalmologiste. Ce problème peut également résulter d'une anomalie de centrage.

Dans tous les cas, il est préférable de retourner voir l'opticien. Il mettra en oeuvre les moyens pour déterminer la cause de votre gêne et les moyens d'y remédier.

Il est utile de savoir que les mesures de l'oeil peuvent varier pour une même personne au cours de la journée. L'état de fatigue, la prise de médicament, le manque d'attention peuvent contrarier les mesures.
Aussi, à réception de sa paire de lunettes, le client doit prendre son temps avant d'affirmer qu'un verre convient à sa vue.
 
 
        [retour]      
 

2.5.2 - L'erreur provient de l'ophtalmologiste

 

C'est alors l'opticien qui l'aura constaté au moment de la livraison de la paire de lunettes. L'ophtalmologiste a peut-être commis une erreur de diagnostic et de prescription. Un examen complémentaire sera nécessaire.

Si toutes les tentatives amiables ont échoué et que les responsabilités de l'opticien et/ou de l'ophtalmologiste sont établies, le consommateur pourra demander en justice (au tribunal d'instance) l'exécution du contrat de vente ou, à défaut, l'obtention de dommages-intérêts.
 
 
        [retour]      
 

2.6 - Quelques conseils d'achat

L'ophtalmologiste pourra conseiller son patient sur le type de verre et les divers traitements. Le consommateur sera ainsi plus armé face au discours commercial de l'opticien.

Avant tout acte d'achat, le consommateur doit identifier ses besoins. Quels sont ses critères de sélection ? les conditions d'utilisation de ses lunettes, une deuxième paire est-elle nécessaire, souhaite-t-il une lunette-mode ou une lunette classique ?

Le consommateur doit faire adapter son système de correction visuel à un éventuel travail sur ordinateur par exemple, ou à des loisirs spécifiques (sports...).

Le moindre doute, en terme de prix ou de qualité du produit, sur ce que l'opticien veut vendre doit conduire tout futur acheteur à vérifier dans un autre point de vente le niveau de prix annoncé ou les caractéristiques des lunettes proposées.

La remise des lunettes est une étape importante. L'opticien doit faire essayer les lunettes et, éventuellement, les ajuster et les régler. Les conseils d'entretien font également partie de sa mission.

Tous les documents relatifs à l'achat de lunettes doivent être conservés. En effet, si elles sont cassées ou égarées, le remplacement sera d'autant plus aisé.
En outre, c'est sur la base de ces documents que le consommateur pourra engager la responsabilité de l'opticien ou toute procédure visant à démontrer la non conformité de la facture avec les lunettes fournies.

Le consommateur peut acheter sa monture chez un opticien et faire poser les verres chez un autre. Juridiquement, face à la réticence d'un opticien, le client pourra invoquer le refus de vente (article 30 de l'ordonnance du 1er décembre 1986).

Il faut tout de même insister sur le fait que les "contrats casse" et autres promesses d'échange ou de remplacement des verres ou montures cassés ne fonctionnent en général que si l'équipement complet a été acheté chez le même opticien.


 
  [retour]     page suivante  sommaire  plan du site